| Par Majed Aziza -www.comite-valmy.org -« Cet ufage des Juifs de mettre du fang à leurs portes, eut pour premier motif, d’être un figne dont la vue faisoit paffer outre l’Ange qui exterminoit les premiers-nés de l’Egypte, & son fecond motif étoit d’être un figne perpétuel de ce terrible paffage, & de la grace finguliere que Dieu avoit faite aux Juifs, de les epargner & leurs enfants… »[1].Mais au-delà de la grâce singulière d’une promesse divine, cette porte marquée du sang du sacrifice pascal inviterait à la « sainteté » [2], nous dit Moché Bryski : « Ce n’était pas pour signaler leur maison. C’était leur témoignage qu’ils étaient réellement prêts à quitter l’Égypte. Ils étaient dévoués – à l’intérieur comme à l’extérieur – à D.ieu et à Moïse, au point d’aller jusqu’au sacrifice de leur personne. Et c’est la raison pour laquelle leurs maisons étaient inaccessibles à l’Ange de la Mort. Car le sang sur les portes était là, non pour D.ieu ou pour Son messager, mais pour les Israélites eux-mêmes qui avaient finalement compris ce qui sépare un Juif d’un Égyptien. Tout est dans la porte » !Vérité ou légende, c’est aujourd’hui une réalité vécue par les Chrétiens de Mossoul : « Tout est dans la porte » ; sauf que dans leur cas, ils sont les victimes désignées et non de potentielles victimes épargnées. Leurs portes sont désormais marquées de la lettre « noun », initiale du mot « nassaras » signifiant « chrétiens » en arabe, et leurs maisons sont ainsi devenues accessibles à tous les coalisés décidés à assassiner l’Islam avant même d’assassiner le christianisme originel des pays du Levant et de Mésopotamie, avec la bénédiction de l’Occident [3] qui a opté pour un prétendu Islam excessivement fondamentaliste, obscurantiste, christianophobe, visiblement philosioniste et pseudo-talmudique. Si bien, que nul n’a épargné les Irakiens & leurs enfants, et certainement pas lorsqu’ils étaient chrétiens.Un jour viendra où l’on désignera en clair les véritables fabricants de ce faux Islam et les organisateurs de l’exil des Chrétiens d’Orient. D’ici là, le gouvernement français et une bonne partie de l’opposition pourront continuer à verser leurs larmes de crocodile, comme ils ne cessent de le faire depuis quelques jours, sans un mot pour les martyrs de Gaza, et en accusant le gouvernement syrien de surcroît [4]. C’est « tellement compliqué » qu’ils pourront toujours prétendre, individuellement, qu’ils ne savaient pas ! [NdT].Nous sommes expulsés. Nous partons. Nous quittons notre ville après maintes humiliations infligées par les porteurs de l’étendard du « nouvel Islam » [5].Pour la première fois de notre Histoire, nous quitterons Mossoul. En la circonstance, il nous faut exprimer nos remerciements à nos proches en cette ville. Tellement proches, que nous pensions qu’ils nous protègeraient comme ils l’ont toujours fait, qu’ils se dresseraient face aux impitoyables criminels du XXIème siècle pour leur dire que nous sommes sur cette terre depuis les origines et que nos ancêtres ont fondé cette ville !Nous étions rassurés à l’idée de pouvoir compter sur un voisin, un concitoyen, des frères qui témoigneraient de « la noblesse de leurs comportements » [6] dans les temps difficiles. Mais nos espoirs ont été déçus et nous nous en allons, trainant nos carcasses vers l’inconnu, laissant derrière nous notre Histoire, les dernières demeures de nos pères et grands-pères, nos symboles, nos vestiges, et tout ce qui est cher à nos cœurs.Nous disons adieu à nos vieilles rues, à nos portes antiques, à nos vieux souks, à la mosquée du prophète Younés, à notre archevêché et à nos églises… Nous disons adieu à vous tous. Nous vous manquerons les jours de fête et ne partagerons plus vos joies et vos peines.Adieu à nos cimetières. Adieu à nos disparus. Puissiez-vous nous pardonner notre absence à chacun de vos anniversaires, puisque nous voici expulsés de notre ville. Adieu à mon grand père Elias, à mon oncle le Père Mikhaïl, à ma tante Hayat et à mon oncle maternel Youssef. Adieu à mes autres oncles maternels, Ibrahim et Mikhaïl Haddad qui m’ont communiqué leur goût pour la presse écrite. Adieu à mon oncle paternel Stéphane Aziza, premier martyr de la famille. Adieu à ce qui reste du Cheikh Bachir al-Saqqal. Adieu à vous tous Messieurs. Adieu au quartier d’Al-Jammāsah et au Couvent de Saint-Georges [7]…Adieu aux vieux ponts de ma ville, à ses murs et murailles et à ses stades. Adieu à l’Université de Mossoul et à ses groupes culturels. Adieu au vendeur de sandwichs Abdel-Basset et aux petits restaurants de galette de viande…Adieu… avec toutes mes excuses à mes frères et vieux amis « néo-conditionnés ». Veuillez nous pardonner au cas où vous considèreriez que n’avons pas été à la hauteur. Pardonnez-nous ... |
