Irak: Qaraqosh menacée par l'offensive des djihadistes

14:482014/06/12
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Après la prise de contrôle de Mossoul, la deuxième ville d'Irak, les rebelles conduits par les djihadistes de l'Etat islamique d'Irak au Levant (EIIL) renforcent leur emprise sur la province de Ninive, dont ils revendiquaient mercredi la prise de contrôle totale. Dans cette zone disputée entre le Kurdistan autonome et l'Etat central de Baghdad, la ville chrétienne de Qaraqosh se trouve directement menacée par l'offensive des insurgés sunnites.La situation exacte à Qaraqosh, composée à 95% de syriaques catholiques, est confuse. Certains témoignages ont fait état d'une incursion de l'EIIL dans la ville mardi matin. Ils auraient demandé le désarmement des gardes, sans qu'il y ait d'affrontement, avant de se retirer pour se positionner à l'extérieur de la ville en direction de Mossoul. D'autres sources assurent qu'ils ont seulement fait une incursion dans le monastère syriaque de Mar Behnam à l'est de la ville, où seul le père abbé est resté sur place.«Une occupation serait catastrophique»Pour l'instant, Qaraqosh fait face à l'urgence. Depuis deux jours, elle accueille un afflux important de réfugiés, alors que la chute de Mossoul a fait fuir un demi-million d'habitants, selon l'ONU. «Des centaines de familles de toutes confessions arrivent depuis mardi matin à Qaraqosh. Elles sont accueillies par des comités de bénévoles de l'église et par la direction civile de la ville», explique Mgr Casmoussa, ancien évêque de Mossoul aujourd'hui installé au Liban. «Les réfugiés ont été placés dans des familles et dans des camps de fortune à l'entrée de la ville, et ont accès à l'eau et à l'électricité.» Les forces armées kurdes (les peshmergas) ont renforcé leurs positions autour de la ville pour maintenir l'ordre et empêcher toute incursion venue de Mossoul. Sur place, l'aide humanitaire s'organise. Près d'une tonne de médicaments d'urgence vont être envoyés par Fraternité en Irak, une association française qui œuvre depuis quatre ans à Qaraqosh et dans la plaine de Ninive auprès des minorités. «Le choc des derniers événements ne doit pas nous empêcher d'agir», explique le président de l'association, Faraj Benoît Camurat. «Fraternité en Irak lance l'opération ‘Urgence à Ninive', un appel urgent aux dons afin d'aider les réfugiés qui ont fui Mossoul.»Mais l'offensive de l'EIIL pourrait gravement compromettre le fragile équilibre trouvé entre les chrétiens, les Kurdes et l'Etat central, qui a fait de Qaraqosh un havre de paix pour la minorité chrétienne d'Irak. «Pour l'instant, l'Etat islamique n'a aucun intérêt à annexer la ville, car elle est bien tenue par les peshmergas, mais aussi parce qu'ils ne veulent pas ternir leur image auprès des minorités», estime Mgr Casmoussa. Un statu quo qui pourrait facilement voler en éclats. «Une réaction violente de la part des Kurdes ou de Baghdad pourrait provoquer un bain de sang», craint Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l'Oeuvre de l'Orient. «Souhaitons que Qaraqosh reste une zone sanctuarisée, et que les autorités viennent en aide aux dizaines de milliers de réfugiés dans le dénuement le plus complet. Une occupation de Qaraqosh par les insurgés serait catastrophique, car elle provoquerait un nouvel exode massif des chrétiens.»


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